lundi 12 juillet 2010

Les nouveaux premiers mots


Pourquoi reprendre aujourd'hui la rédaction de ce blog abandonné depuis si longtemps?... Une envie d'inutile sans doute... Une envie de flâner dans ce décor que je connais... Comme on aime retrouver le petite jardin de banlieue de sa jeunesse après s'être maintes fois perdue... plus loin... plus tard...

On ne régresse pas pourtant, du moins je ne crois pas. Je ne suis pas en convalescence, les blessures que je peux avoir se plaisent à l'air libre. Je ne songe même pas à les panser, elles me sont déjà amies. Je suis en..partance. Mes bagages sont prêtes. Je les porterai seule. Ici, mon quai... Les voyageurs peuvent arriver, le train partira au premier coup de sifflet.

Il serait sans doute d'usage de se présenter? Mais je n'ai que quelques brides de phrases à disséquer :

...Une illusionniste revenue de ses tendres batailles...Une lesbienne, c'est parait il le nom qu'il faille se donner... Une rêveuse qui sait le prix de sa lucidité...Une lucide qui avance les yeux grands fermés... Une main qui cherche une nuque où se poser....

J'en demande beaucoup vous pensez?... Si ce n'était pas le cas, à quoi bon demander, il suffirait de prendre, se taire et laisser aller...

Ce que je vais faire ici? Je n'en ai pas la moindre idée...Peut être me réapprivoiser. Sous le regard des autres, redevenir un mobile plausible. L'exhibition, parfois, est le refuge le plus sûr.

lundi 20 juillet 2009

Saph'O'lie ferme momentanément, ou définitivement, ses pages.
Merci à tous, visiteurs d'une seconde ou de plusieurs mois.
Vous pourrez désormais me retrouver ici

jeudi 1 janvier 2009

Les douze coups...

Ceux de minuit... Nouvelle année, nouveau départ. De bien jolis poncifs que voilà.Ne m'en voulez pas, il y a si longtemps que je ne suis venue m'épancher ici meme, il faut bien que je m'aiguise à quelques banalités.

L'année écoulée aura vu mes dernières plumes tombées, logique que celle à venir me donne déjà la chair de poule.

jeudi 20 novembre 2008

La peau nue...

Ma peau est nue. Ne se reconnaissant plus de patrie, ne s'accordant plus à aucun parfum... Je vais me frottant à d'autres incarnations tenter de refaire un chemin , mais ces nouvelles contrées me restent étrangères. Souriantes mais lointaines.

Que quelque chose m'accoste!

mardi 18 novembre 2008

Point de vulve...

Il y a quelque chose d'émouvant, toujours, à venir m'appuyer aux chambranles de tes cuisses, juste là, à l'orée parfumée et déchirante de ton embrasure. Ton impatience souvent se fait main sur ma tête et m'entraîne à sa suite, mais je n'ai pas envie ce soir de faire dos rond à tes caprices. Je veux rester encore un instant ici, à la frontière de ton monde, dans cette distance d'insécurité où tu m'inondes...

Tends l'oreille... tu entends? Plus un bruit. A peine l'impatience de tes reins sur les draps. A peine le frôlement de ta faim dévorante étendant ses tentacules et déroulant sa spirale comme sur une cuisse ton bas. Et dans ton regard, juste une étincelle, celle de l'insolence des jeunes filles nues qui n'en rougissent plus.

Du bout des lèvres tu m'appelles, me réclames, me presses... tu ne le sais pas, mais pourtant mon silence est déjà en toi, disséquant dans ton ombre les sucs perdus de nos innocences prochaines...

Alors je t'en prie, baisses tes yeux sombres et ne prends pas ombrage de mon indolence, tout à l'heure, je te le promets, nos immobilismes de poupées seront par nos gros mots bousculées. Sans pudeur à mon tour je viendrai tutoyer le point de non retour accroché à la marquise charnue de ton ciel noir, y glisser ma langue comme un pied dans l'embrasure de ta porte pour y boire...

Mais avant cela, mon tendre amour, offrons nous le suprême luxe de retenir nos troupes et de nous regarder, seulement, derrière les franges noires de la nuit abattant le jour.

Illustration d'Egon Schiele "Deux figures"

dimanche 16 novembre 2008

...De la vie il ne te reste que la détresse d'une évasion manquée... T.Tzara
L'album photo...

Je flânais cet après midi dans une salle des ventes. Mille et un recoins, détails, couleurs, matières se disputant les faveurs de mon attention. Des bergères dociles et sages aux malles de cuir élimé... j'aime, adore, ce désordre, cette débauche feutrée.

Et puis, posé sur le vernis mordoré d'un scriban, le dos de cuir vert et craquelé d'un vieil album de famille. Je l'ai feuilleté, clichés d'un autre siècle, noir et blanc passé, jauni... repas de famille, mariage à la campagne, toute la famille sur le perron, le monsieur à moustaches fières, le portrait de studio de la petite dernière....Sur la couverture, une étiquette : 5 euros.

L'arrière grand mère vient de mourir sans doute, les petits enfants ont vidé la maison, tout vendu... Et voilà...5 euros pour cette vie en images... Une vie de con peut être, une descendance de cochons..mais merde! une vie quand même... Je suis ressortie l'album sous le bras.

J'imagine parfois..lorsque je serai à mon tour de l'autre côté du versant, si j'y arrive... quand la vie sera derrière. J'imagine que je me retournerai, inverserai mon horizon...le sourire attendri...entourée de visages perdus..d'odeurs oubliées...les mains vides d'avoir trop serré.

Il est lyrique le naufrage de la vieillesse...lyrique vu du haut de ma crête de trentenaire... C'est discret une vie qui s'en va...c'est sans pitié, ça ne nous sousestime pas... C'est pudique aussi, ça s'effiloche entre les doigts..c'est inhumain.

A quoi ressemblera mon album de photos?... est ce que quelqu'un le brûlera pour moi?.. je le brûle peut être au fur et à mesure... J'espère qu'il restera des visages, des parfums, des points suspendus..des ponts suspendus...qu'il restera des ébauches..des mots à écrire..ne jamais en finir.

Mais j'en suis encore à prendre les clichés c'est vrai..sourire

vendredi 14 novembre 2008

Délivrez nous du mâle...ainsi soit il
.
Un peu de légereté, et le sourire aux lèvres en ce qui me concerne, pour cette illustration de Martin van Maele extraite de "La grande danse macabre des vifs"... De quoi se surprendre à répondre "Amen"
.

jeudi 13 novembre 2008

Les voyages en train...
Lundi - 11h, quelque part
J'aime les voyages en train. Être entre deux points. En mouvance. Suspendue.

Le voyage sera court aujourd'hui, à peine 45 minutes. Direction Montmartre pour quelques jours. Pour quelques nouveaux visages que j'apprivoise. Mon dernier quai de gare fut celui d'adieux amers...C'est étonnant de voir comme ma scène intérieure sait redistribuer doucement les rôles. Mes nouveaux figurants n'en sont même pas, ils semblent avoir les épaules de personnages plus substantiels. Ou peut être est ce moi qui leur tend une réplique enfin débarrasser de ses masques. Ou presque...

J'avais débuté ce blog par besoin. Besoin de m'entendre vivre. D'en avoir témoin. Je revenais mal en point d'une escapade que j'avais cru éternelle et m'acclimatais mal à la Terre du demain redevenue vierge. Alors je semais mes petits cailloux ici, pour ne pas me perdre, ne pas être tentée de m'asseoir.

Mais, on le sait, ce qui est véritablement insupportable c'est que rien n'est insupportable. On se relève des plus impressionnantes chutes. Je ne déroge pas à la règle. Je guéris de l'Autre moi aussi.
Alors pourquoi cette santé retrouvée m'apparait morne comme le champ d'une bataille inachevée...?
Mardi - 20h, Bastille
Une terrasse de café. Cela faisait longtemps que je ne m'y étais installée seule. Sans ne rien y attendre. Ne rien espérer. Ne rien devancer, pas mêmes les envies encore placentaisées.

Cette autonomie nouvelle me regarde, me sourit....
Le besoin de l'Autre n'était il qu'une partie de cache cache avec moi même? Une excuse bien confortable...
Cet égoïsme me saute soudain aux yeux. Ce besoin n'en appelait donc pas a ma fragilité mais à ma paresse. Ce que d'aucun nommait mon Romantisme n'était donc qu'une plante carnivore, la recherche frénétique d'un axe où clouer mes volutes intérieures. La peur sans doute de les voir s'emmêler livrées a elles mêmes. D'avoir a les légitimer.
Je ne me pense pas toujours un mobile acceptable.

jeudi 6 novembre 2008

La maison de papier...

Je connais cet endroit... j'y flâne depuis des années je crois...sa porte dérobée donnait déjà dans ma chambre adolescente.

Je connais toutes les pièces de cette Maison. Il y a des fauteuils en cuir fanés et profonds, sous la lumière biseautée des fenêtres...Des conversations interminables et silencieuses...Des verres que l'on chauffe au creux de sa paume...un feu qui crépite dans le dos...des tapis moelleux...le jour qui tombe...la nuit attendue.

Il y a une escalier qui monte. Une porte qui se referme.

Il y a un face à face sans parole. Un lit. S'étendre. Ne pas s'y chercher mais s'y trouver.


Pas un soupir, pas un murmure. Un fil de rasoir en soie fine. Du velours. De l'ombre.

Je ne sais pas si nous y faisons l'amour..c'est un détail. Nous sommes. Pour quelques heures peut être. Seulement. Et alors...?

Échapper au temps? Créer son propre leurre. Un quai. Un autre. Sans bagage. Sans billet. Sans retour... Juste soi, l'Autre..et un vol par effraction, en resquilleur.

samedi 1 novembre 2008

Les "je" du masque...

Je m'amuse parfois à dénombrer le nombre et les natures des différents masques dont j'use. De toutes ces personnalités dont on s'engonce.. Je cherche surtout le fil, même ténu, qui permet à cet échafaudage de figures de tenir droit...Combien de masques de trop? Lesquels se rapprochent de moi? m'en éloignent?...Ah! douce schizophrénie...

Je ne sais pas très bien combien ils sont, ni quand est apparut le premier. La plupart, c'est certain, ne sont que des résultantes, des réactions épidermiques aux amusements, irritations, sollicitations..., bref, les dommages collatéraux du verbe vivre. Mais avant tout cela, avant que les autres ne s'impriment en nous, avant que l'éducation ne nous formate...existe t'il un masque...primitif? Une essence mère de soi?... Une sorte de point inaltérable?

J'ai parfois l'étrange sentiment de le sentir ce point. Comme une boule noire et dense au centre. Un poids. Et quand je suis seule, seule en moi, en silence, je sais. Je sais, maladroitement certes, mais je sais que peu importe les masques, les fuites...il y a ce point en moi. Ce point qui est moi. Et il m'arrive de le pressentir, de le humer, de le frôler au travers les détails qui émaillent les jours. A travers un regard, un parfum, une lumière...

Et je sais aujourd'hui ma quête, un nombril autre que le mien où déposer mon point

Illustration de Jean François Lefranc

jeudi 30 octobre 2008

Drôles d'images pour un cadran figé...

Elles viennent, récurrentes, frapper à ma porte. Certains les nomeront fantasme, c'est un raccourci un peu cavalier mais après tout..pourquoi ne pas monter sur nos grands chevaux...

C'est un face à face : moi et l'Autre. Je suis allongée, entravée, presque nue. Mon sexe offert au regard. Rien n'est dit mais je sais la raison de ma présence, de cette position presque chirurgicale...J'attends. J'attends que mon ventre s'ouvre, réclame..Et pour atteindre à cet abandon je sais sur tout ce qu'il me faut passer..la pudeur, la peur, l'humiliation, cette satanée non-confiance... Qu'il faut que je réinvestisse chacun de mes sens, que je les charge, que je leur donne vie individuelle...Que je relâche chacun de mes muscles à mesure que ma conscience s'aiguise..Et je sais que cela va prendre des heures...

L'Autre est là. Absence et présence à la fois. Il ne dit rien mais je sais qu'il sait. Cette transparence a le tranchant du Vrai. Il sait ce qu'il me faut abattre pour en arriver à Lui. Avec la précision d'un métronome il va et vient près de moi, constate l'abandon de mes chairs... J'aime l'idée de cette rythmique, de cette mathématique comptable.

...Tout comme j'aime à passer d'un rôle à l'autre. De Celle qui donne à Celle qui prend...C'est le même fil tendu.

...Tout comme j'aime l'idée de ce temps où je lutte sans faire un mouvement. Ce temps où j'observe l'Autre naître à sa propre peau.

Ce n'est pas la première fois que je viens flairer autour de cette idée de temps. Ce temps qui passe, cette chape qui tombe et crucifie soudainement les intentions mêmes que l'on s'escrime à passer sous silence... Ce temps que je regarde bien souvent comme Grand Inquisiteur est pourtant récurent de ma conception du Plaisir. Ce temps, antithèse du moi qui me lasse et me déprend toujours trop vite. Moi dont l'inconstance est l'une des rares données intangibles. Dont l'impatience, pathologie chronique, est une armure de plus derrière laquelle je me veux inaccessible, incapable de donner prix à quoi que ce soit de peur de la défaite trop connue. Ce temps qui montre toujours trop, qui dit, crie, revendique.... l'Attente, l'Envie, la Foi en soi, en l'Autre... Ce temps donné qui nous dévêt de tout orgueil et nous laisse alors fragile, plus fragile qu'un enfant. Qui dit de nous tout le besoin.

Ce temps pris aussi. Ce que donne l'Autre et qu'il faut accepter. Oser accepter... Le temps est d'une indécence inouïe. Qui met à mal l'humilité et assoit l'ambition sans nulle porte cochère où trouver un peu d'ombre. Alors oui, bien sur, ce temps m'est fantasme, ce temps m'est difficile, ce temps m'est quasi inaccessible... Ce temps est à apprivoiser, tout comme les regards qui le portent.

Illustration Egon Schiele

mercredi 29 octobre 2008

Le mythe de la poupée...

Il est parfois des oeuvres qui épousent à merveille nos réflexions, nos aspirations de l'instant. Il en est ainsi aujourd'hui de celles d'Hans Bellmer.

Le mythe de la poupée...Non pas la poupée sage et obéissante. Pas la copie lisse, civilisée et singeante... Mais la poupée "franckensteinisée". Celle qui laisse le fond primer sur la forme.

Esthetiquement, j'aime cette désharmonisation des lignes, des structures, des attendus... Cette désorientation des sens, du visuel...de ce visuel admis.

Intellectuellement, j'aime cette rupture nette avec le plausible, l'humain.
Etre poupée. Devenir poupée. Pas pour mimer mais pour renouer.
Désarticuler ce qui est, l'image que l'on croit être, pour donner une nouvelle architecture. Intime et bouleversante.
Devenir cette forme sauvage, affranchie de toutes contingences.

Illustrations "les poupées" D'Hans Bellmer, entre 1936 et 39