Vivre POUR soi...
C'est ce que, ô miracle, mon tout jeune statut de célibataire m'offre sur un plateau, à la façon de Reijlander pour son Saint Jean Baptiste. Je vais, enfin, vivre POUR moi seule!...
Étrange phrase s'il en est... Ai je donc passé 28 années à vivre CONTRE moi? Sans m'en apercevoir...En aimant serais je passée dans le camp adverse, me muselant et me niant dans la foulée?
A en croire les voix amies qui encensent ma toute nouvelle solitude, le face à face amoureux ne serait qu'une guerre perdue d'avance, une annihilation en règle de toute faculté à Être. L'Autre serait une sorte de trou noir libidineux, un dispensateur de parfums aussi capiteux que soporifiques. Il nous ferait ravaler le "je" aussi vite qu'une morgue adolescente et nous imposerait le port étriqué d'un "nous" anthropophage. Pour preuve à l'appui, cette phrase détournée de Beauvoir : toute réussite déguise une abdication. Et moi qui aimais à voir dans cette maxime une Ode à la Passion amoureuse!
De toute façon, pourquoi dire "aimais"... je persiste et signe.
Vivre POUR moi...quelle économie stérile. Voilà des années que je me sais, me digère et me régurgite aux rythmes de mes aléas. Et si je suis loin d'avoir fait mon tour, mes contours me sont connus, mes POURtours aussi. Le "nous" n'est donc plus une grande bouche ouverte prête à m'avaler sans ne rien recracher, je me suis prédigérée avant elle.
Par contre ce "nous", qui préfigure le face à face, m'est un incroyable aiguillon.
Qui de l'Autre alors? Un simple miroir? Il l'a été parfois oui, à l'heure où mon égo encore fragile se cherchait quelques béquilles, quelques légitimités. Aujourd'hui il est assez grand et mon nombril est assez disproportionné pour ose se frotter à d'autres, pense! Je me suis crée de jolis miroirs de poches...
L'Autre redevient autre, est POUR lui (enfin Elle).
Elle ne m'est plus nécessaire, elle m'est espérée et attendue
2 commentaires:
Je découvre votre espace par celui de Miss Pélisse.
Et j'ai envie de vous dire que c'est peut-être, une vie pour ou une vie contre, que vous entamez... Mais que si c'est grâce à cette nouvelle vie ou vie neuve, que vous nous faites partager vos mots... c'est une chance pour nous.
Merci, ils sont délicieux.
Merci à vous Lysis
Enregistrer un commentaire